Dessins, série 2

Trois cailloux 2011 crayons de couleur, 8 x 18,5 cm

Mer désertée 2011 crayons de couleur, 29 x 32,5 cm

Lumière silencieuse 2012 crayon Conté, 22 x 17 cm

Lumière saline 2011 crayon graphite, 16 x 18 cm

De « nano-grain en nano-grain », l’œuvre de Jean-Marc Ehanno (crayons et pastels) construit le port de silence d’une quête forte. Jetées monacales, digues d’atmosphère, retenues méthodiques, traits denses. Tout un laboratoire de recherche des signes et des songes, des masses lentes et des échos de brume, aussi des équilibres dehors/dedans.

Au bout de chaque travail, le temps appareille vers l’espace secrété par la précision voire la minutie. De plus, un halo de lumière distribué par un phare de chevet contribue à façonner une part de mystère. Un appel minéral constant fige l’esprit dominant des dégradés de gris, de bleu…. La carte d’évasion de l’artiste, infiniment géométrique et stricte, sobre brillant d’un cristal contenu, verse le passage du plus profond au beau commun.

Dans chaque tableau, la limpidité épouse l’air sombre, une certaine clarté ruse avec l’angoisse, un fourmillement éprouve l’épure… Et la ligne d’horizon se livre à sa propre mise en joue.

André Duprat, poète écrivain,

Les nuits orientales 2012, crayons Conté 38 x 38 cm

Lac tranquille 2007 crayon Conté 21 x 21,5 cm

TANT DE DOUCEUR ET SON CONTRAIRE

Constructions nettes, où vient la profondeur, où la profondeur se tient, semblable à une tenture d'atomes: à la manière d'un corps confiant, l'Infini y prend place. La sincérité d'Ehanno l'a séduit.

Que les formes choisies par Jean-Marc Ehanno soient, après réflexion, identifiables, ou non, ne change rien. Devant tel pastel, aux tons clairs il est vrai, je ne puis douter que je vois, entre des rochers ou bien des falaises, un beau chenal débouchant au fond sur le large, Inversement, cet autre écarte, dissuade avec douceur toute détermination : seule la douceur y est certaine, autant que la nuit. Son spectacle agit sur moi, en moi, comme une pluie de ténèbres bienveillantes et lumineuses. Des grains de lumière rallient ce lac paisible qui est la mer.

Calme éhannien : la nature contemplée en sérénité. Ou, plus justement : la nature apprivoisée par une discipline géométrique qui ne la violente pas mais ajoute à la majesté rencontrée sa propre majesté. Et que tempère cette extrême délicatesse épidermique que s'attache à procurer le pastel ou le crayon.

La géométrie, c'est la composition, délibérément sobre. C'est également ce coin, ce triangle, cette oblique qui introduisent leur différence dans l'étendue silencieuse, à la substance si fine.

Ce qu'il peut y avoir d'arbitraire dans une intervention où l'invention est au demeurant absolument dépourvue de gratuité, n'oppose aucun obstacle à la présence. Et quelle présence ! Comparable à celle de la nuit étoilée ; à celle de la mer qui est là, sous le clair-obscur.

Autre formulation pour en témoigner, avec plus de force, si cela est possible : je dirai que le silence des airs, des rivages, des eaux, tels qu'Ehanno les restitue à travers son dépouillement résolu, précis, son schématisme inspiré, ainsi qu'au moyen d'une poudre, d'un sable qui rend la proche profondeur nocturne fourmillante et caressante, ou bien, avec le pastel, d'un velours dont l'attouchement atténue la franchise des limites, je dirai que la présence de ce silence s'impose d'une façon intime. Ainsi qu'une confidence, quand elle se dispense de mots.

Personne ici. Pourtant c'est un silence adressé. Celui qu'une ferveur tourne vers une autre ferveur

Henri RAYNAL, Ecrivain, critique d'art

Immobile et suspendu 2012, crayon Conté 40 x 46,5 cm

Fenêtre 2012 crayons de couleur et pastel sec, 11,5 x 12 cm

Les docks 2013, crayons de couleur, 15 x 9 cm

Géométrie endormie, crayon Conté, 31 X 25,5 cm

Falaise, Crayon Conté 12 x 15,5 cm